Sur
les bords du chaland, l'eau du marais croupie clapote, noire. Cela se
trouve quelque part au de-là de là où nous sommes. Si loin. Un jour,
dit-il, il m'y emmènera, promis. En attendant, il nous faut s'occuper
du filet. La lune joue des ombres sur sa peau mate. Ses bras moulinent
autant qu'ils le peuvent à la tâche. Je le regarde : remonter un
carrelet est une affaire d'homme.
Sous
le tricot blanchâtre déjà trop court pour lui, on devine – ou
rêve-t-on ? – une puissante musculature à l’œuvre. Jym est un garçon
puissant. Ses 18 ans le rendent espiègle. Il m'apprend le marais que je
connais mal. Les civettes se piègent à la nuit tombée. Quelques-unes
frétillent au fond du filet enfin remonté.
La
lune mais aussi les clapotis de l'eau, les bruits du marais, la chaleur
de cette nuit d'été rendent la Butte des Pierres inaccessible. Jym me
sait déçu mais ne dit rien. Une fois la berge regagnée, nos nuits se
sépareront. La mienne sera mélancolique.
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