Une
farandole de jeunes colore de ses cris les terrasses du printemps
précoce. Où que mon regard porte, les rues de la ville brillent. Une
joie semble vouloir me soulever le cœur mais un voile à mes yeux
obscurcit le décor. Là où ils sont heureux, Che-Nen connut aussi le
bonheur. Alors le vent tiède écœure ma joie. La ville – en un souvenir
fugace – devient une insulte.
Depuis,
je ne regarde plus les crépuscules. Ni les aubes. Leurs lueurs se
confondent avec ma peine. Les mondes en déclin ne m’ennuient. Maubeuge,
sous le printemps, expie mes fautes. Tel Sisyphe à Tartare – Τάρταρος
en Grec – je roule mon rocher sans plus aucun espoir. A quoi bon ? Vers
quel avenir qui serait différent de celui que j'attends, toutes ces
sensations me mènent-elles ? Où que mon regard porte, Che-Nen
apparait... Ici son collège... Plus loin, son lycée... Là-bas, le parc
où il jouait, enfant... Jusqu'à son père que je croise souvent au pied
de sa résidence... Enfin, là son cimetière..
Comment
sortir de cet Enfer ? Quel seuil de plomb dois-je franchir à rebours
pour espérer un autre quotidien, libre, délivré de ce poids des
souvenirs ? Enfin pouvoir jouer libre dans les rivières ocres de
l'enfance sans plus de soucis...