Un
éclat de rire juvénile émiette ma concentration. Che-Nen alors hantait
mes jours. Dans ce café, un matin, venu me reposer l’esprit, une bande
de lycéens bruyants commence sa journée. Cette bonne humeur m’agace un
peu, alourdi par mes déjà trente ans.
Au
milieu d’eux, un se distingue. Il me regarde souvent. Est-ce de l’envie
qui se lit dans ses yeux ? Cette envie me touche-t-elle ? Possible.
Mais Che-Nen, gardien fidèle, lui interdit le passage et tente de
dissimuler mon trouble. Lui trouver des défauts me parait être la
meilleure des armes contre.
Son
rire androgyne, ses traits précieux, ces midinettes admiratives autour
de lui, l’insolence de sa jeunesse. Ses dix-sept ans m’agressent. Tout
cela m’exaspère. Enfin, je peux l’oublier.