mardi 1 septembre 2015

12 - Lettre n°9

(1) A cette période, la maison, acquise en 1995, nécessitait depuis des travaux réguliers que nous ne pouvions effectuer que l'été.
(2) En fait, après bien des années de déficit chronique du budget familial, je me suis aperçu qu'il était organisé afin d'éviter chez moi toute velléité d'envol.
(3) Un collègue dont j'étais vaguement amoureux de la plastique et qui venait d'obtenir sa mutation.







                                                                               Lettre n°9
                                                                              de B......., le mercredi 30 juin 1999, 07h30.




                                                  Papa,

Je sais bien qu'il est tôt mais les nuits sont difficiles en ce moment. Les réveils n'ont rien de légers.

Voilà, ce sont les vacances. Les secondes que nous ne passerons pas ensemble. Ce sont les vacances et comme d'habitude depuis dix ans, je suis coincé là. A cause de travaux pour la maison (1) . Mais je ne m'inquiète pas : l'année prochaine, ce ne sera plus les travaux mais l'argent qui m'empêchera. L'argent, tu sais, c'est elle qui le tient. Elle le gère très mal d'ailleurs... On en est bientôt à presque 10 000 de découvert mensuel (2).

Abdel, au moins, lui, est parti (3). Vrai que tous partent et je souffre toujours beaucoup de ces départs. Cela me rappelle les tiens, je pense.

Un jour je partirais aussi. Quand ce sera devenu trop douloureux. J'irai enfin te chercher. Cela m'apaisera d'avoir un but. Un peu comme Rahan quand j'étais petit : à rechercher ses parents vers cet endroit, là-bas, à l'horizon et toujours au-delà, où se couche le soleil.

Cet été par exemple, après une année de labeur, j'aimerais enfin me libérer et plonger et me dorer au soleil, nu, sans pudeur, naturellement. Mais quoi ? La journée est tracée : le matin, rien ; le midi, on mange ; on part à la plage vers 15h30 ; jusque 18h00 ; on revient, on prépare à manger, on mange ; puis télévision. Quoi d'autre ? Oh...et bien...rien ! Rien parce que l'an dernier c'était ma mère qui arrivait à l'improviste. Cette année, je pense que ce sera la promiscuité avec les enfants. 

Je te l'avais dit déjà, depuis notre fils, elle a baissé le rideau tout en me faisant croire que c'était ma faute. Pour ça, elle a du talent, c'est sûr.


                                     à bientôt,